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DORANTE

Ni bien ni mal. Comment la trouves-tu toi ?

ROSIMOND

Moi, ma foi, je n’en sais rien, je ne l’ai pas encore trop vue ; cependant, il m’a paru qu’elle était assez gentille, l’air naïf, droit et guindé : mais jolie, comme je te dis. Ce visage-là pourrait devenir quelque chose s’il appartenait à une femme du monde, et notre provinciale n’en fait rien ; mais cela est bon pour une femme, on la prend comme elle vient.

DORANTE

Elle ne te convient guère. De bonne foi, l’épouseras-tu ?

ROSIMOND

Il faudra bien, puisqu’on le veut : nous l’épouserons ma mère et moi, si vous ne nous l’enlevez pas.

DORANTE

Je pense que tu ne t’en soucierais guère, et que tu me le pardonnerais.

ROSIMOND

Oh ! là-dessus, toutes les permissions du monde au suppliant, si elles pouvaient lui être bonnes à quelque chose. T’amuse-t-elle ?