Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/171

Cette page n’a pas encore été corrigée

ROSIMOND

Comment !

FRONTIN

Oui, en petit aimable ; j’ai mis une troupe de folles qui courent après vos bonnes grâces ; je vous en ai donné une demi-douzaine qui partageaient votre cœur.

ROSIMOND

Fort bien.

FRONTIN

Combien en voulez-vous donc ?

ROSIMOND

Qui partageaient mon cœur ! Mon cœur avait bien à faire là : passe pour dire qu’on me trouve aimable, ce n’est pas ma faute ; mais me donner de l’amour, à moi ! c’est un article qu’il fallait épargner à la petite personne qu’on me destine ; la demi-douzaine de maîtresses est même un peu trop ; on pouvait en supprimer quelques-unes ; il y a des occasions où il ne faut pas dire la vérité.

FRONTIN

Bon ! si je n’avais dit que la vérité, il aurait peut-être fallu les supprimer toutes.

ROSIMOND

Non, vous ne vous trompiez point, ce n’est pas de quoi je me plains ; mais c’est que ce n’est pas par hasard qu’on vous a fait ces questions-là. C’est Hortense qui vous les a fait faire, et il aurait été plus prudent de la tranquilliser sur pareille matière, et de songer que c’est une fille de province que je vais