Mon père me contraint, puis-je lui résister ?
De trois maris offerts il faut que je choisisse,
Et ce choix à mon cœur est un cruel supplice.
Mais à quoi me résoudre en cette extrémité,
Si de ces trois partis mon père est entêté ?
Qu’exigez-vous de moi ?
À quoi bon vous le dire,
Philine, si l’amour n’a pu vous en instruire ?
Il est des moyens sûrs, et quand on aime bien…
Arrêtez, je comprends, mais je n’en ferai rien.
Si mon amour m’est cher, ma vertu m’est plus chère.
Non, n’attendez de moi rien qui lui soit contraire ;
De ces moyens si sûrs ne me parlez jamais.
Quoi !
Si vous m’en parlez, je vous fuis désormais.
Eh bien ! Fuyez, ingrate, et riez de ma perte.
Votre injuste froideur est enfin découverte.
N’attendez point de moi de marques de douleur ;
On ne perd presque rien à perdre un mauvais cœur ;
Et ce serait montrer une faiblesse extrême,
Par de lâches transports de prouver qu’on vous aime,
Vous qui n’avez pour moi qu’insensibilité.
Doit-on par des soupirs payer la cruauté ?
C’en est fait, je vous laisse à votre indifférence ;