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LE PÈRE PRUDENT
ET
ÉQUITABLE.



Scène I.

DÉMOCRITE, PHILINE, TOINETTE
DÉMOCRITE

Je veux être obéi ; votre jeune cervelle
Pour l’utile, aujourd’hui, choisit la bagatelle.
Cléandre, ce mignon, à vos yeux est charmant :
Mais il faut l’oublier, je vous le dis tout franc.
Vous rechignez, je crois, petite créature !
Ces morveuses, à peine ont-elles pris figure
Qu’elles sentent déjà ce que c’est que l’amour.
Eh bien donc ! vous serez mariée en ce jour.
Il s’offre trois partis : un homme de finance ;
Un jeune Chevalier, le plus noble de France,
Et Ariste[1], qui doit arriver aujourd’hui.
Je le souhaiterais, que vous fussiez à lui.
Il a de très grands biens, il est près du village ;
Il est vrai que l’on dit qu’il n’est pas de votre âge :

  1. Et Ariste. Il n’est pas un écolier qui fit aujourd’hui une pareille faute de prosodie. La conjonction et ne peut jamais se rencontrer en vers devant une voyelle.