Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/380

Cette page n’a pas encore été corrigée

VAUDEVILLE

Toi qui fais l’important,
Ta superbe apparence,
Tes grands airs, ta dépense,
Séduisent un peuple ignorant ;
Tu lui parais un colosse, un géant.
Ici, ta grandeur cesse ;
On voit ta petitesse,
Ton néant, ta bassesse ;
Tu n’es enfin, chez la Raison,
Qu’un petit garçon,
Qu’un embryon,
Qu’un myrmidon.


Philosophe arrogant,
Qui te moques sans cesse
De l’humaine faiblesse,
Tu t’applaudis d’en être exempt :
Dans l’univers tu te crois un géant.
Par la moindre disgrâce,
Ton courage se passe,
Ta fermeté se lasse.
Tu n’es plus, avec ta raison,
Qu’un petit garçon,
Qu’un embryon,
Qu’un myrmidon.

Mortel indifférent,
Qui sans cesse déclames
Contre les douces flammes
Que fait sentir le tendre enfant,
Auprès de lui tu te crois un géant.
Qu’un bel œil se présente,
Sa douceur séduisante
Rend ta force i