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BLAISE

C’est qu’il parle trop haut. Il me chuchote qu’ou étiez un donneur de galbanum1 ; mais il ne sait pas qu’ou l’entendez.

FONTIGNAC

Qué dités-vous dé ces gens qui n’ont qué des mensonges sur lé visage ?

BLAISE

, au Courtisan.

Morgué ! je vous en prie, ne portez plus comme ça des bourdes sur la face.

FONTIGNAC

Des gens dont les yeux ont pris l’arrangement dé dire à tout lé monde : jé vous aime ?…

BLAISE

, au Courtisan.

Ça est-il vrai que vos yeux ont arrangé de vendre du noir2 ?

FONTIGNAC

Des gens enfin qui, tout en emvrassant lé suvalterne, né lé voient seulement pas. Cé sont des caresses machinales, des bras à ressort qui d’eux-mêmes viennent à vous sans savoir cé qu’ils font.

BLAISE

, au Courtisan.

Ahi ! ça me fâche. Il dit qué vos bras ont un ressort avec lequeul ils embrassont les gens sans le faire exprès. Cassez-moi ce ressort-là ; en dirait d’un torne-broche quand il est monté.

FONTIGNAC

Cé sont des paroles qui leur tombent dé la bouche ; des ritournelles, dont cependant l’inférieur va sé vantant,