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drès ce soir ; car s’il allait trapasser sans le dire au tabellion, j’aimerais autant qu’il ne mourît pas : ce ne serait pas la peine, et ça me fâcherait trop ; en lieu que, s’il me laissait queuque chouse, ça ferait que je me lamenterais plus agriablement sur li.

LISETTE

Dis donc ce qui lui est arrivé.

MADEMOISELLE ARGANTE

Est-il malade, empoisonné, blessé ? Parle.

MAÎTRE PIERRE

Attendez que je reprenne vigueur ; car moi qui veux hériter de li, je sis si découragé, si déconfit, que je sis d’avis itou de coucher mes darnières volontés sur de l’écriture, afin de laisser mes nippes à Lisette.

LISETTE

Allons, allons, nigaud, avec ton testament et tes nippes : il n’y a rien que je haïsse tant que des dernières volontés.

MADEMOISELLE ARGANTE

Eh ! ne l’interromps pas. J’attends qu’il nous dise l’état où est Dorante.

MAÎTRE PIERRE

Ah ! le pauvre homme ! la diète le pardra.

LISETTE

Eh ! depuis quand fait-il diète ?

MAÎTRE PIERRE

De ce matin.

LISETTE

Peste du benêt !