De laisser ce rebelle et son complice en paix.
À Prusias.
Seigneur, vous avez vu qu’il était nécessaire
De finir par l’aveu que je viens de lui faire,
Et vous devez juger, par son empressement,
Que Rome a des soupçons de notre engagement.
J’ose dire encor plus : l’intérêt d’Artamène
Ne sert que de prétexte au motif qui l’amène ;
Et sans m’estimer trop, j’assurerai, Seigneur,
Que vous n’eussiez point vu sans moi d’ambassadeur ;
Que Rome craint de voir conclure un hyménée
Qui m’attache à jamais à votre destinée,
Qui me remet encor les armes à la main,
Qui de Rome peut-être expose le destin,
Qui contre elle du moins fait revivre un courage
Dont jamais son orgueil n’oubliera le ravage.
Cette Rome, il est vrai, ne parle point de moi ;
Mais ses précautions trahissent son effroi.
Oui, les soins qu’elle prend du sort de Laodice
D’un orgueil alarmé vous montrent l’artifice.
Son Sénat en bienfaits serait moins libéral,
S’il ne s’agissait pas d’écarter Annibal.
En vous développant sa timide prudence,
Ce n’est pas que, saisi de quelque défiance,
Je veuille encourager votre honneur étonné
À confirmer l’espoir que vous m’avez donné.
Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 1.djvu/159
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