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À permettre mes feux s’est en vain abaissée.
Et moi, je l’aime encor, après tant de refus,
Ou plutôt je sens bien que je l’aime encor plus.
Mais cependant, pourquoi s’est-elle interrompue ?
Quel secret allait-elle exposer à ma vue ?
Et quand un même amour nous unirait tous deux…
Où tendait ce discours qu’elle a laissé douteux ?
Aurait-on fait à Rome un rapport trop fidèle ?
Serait-ce qu’Annibal est destiné pour elle,
Et que, sans cet hymen, je pourrais espérer… ?
Mais à quel piège ici vais-je encor me livrer ?
N’importe, instruisons-nous ; le cœur plein de tendresse,
M’appartient-il d’oser combattre une faiblesse ?
Le roi vient ; et je vois Annibal avec lui.
Sachons ce que je puis en attendre aujourd’hui.


Scène IV

PRUSIAS, ANNIBAL, FLAMINIUS


PRUSIAS

J’ignorais qu’en ces lieux…

FLAMINIUS

Non : avant que j’écoute,
Répondez-moi, de grâce, et tirez-moi d’un doute.
L’hymen de votre fille est aujourd’hui certain.
À quel heureux époux destinez-vous sa main ?

PRUSIAS

Que dites-vous, Seigneur ?

FLAMINIUS

Est-ce donc un mystère ?