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Dont Rome semble avoir altéré leur raison ?
Cet orgueil, que leur cœur respire sur le trône,
Au seul nom de Romain, fuit et les abandonne ;
Et d’un commun accord, ces maîtres des humains,
Sans s’en apercevoir, respectent les Romains !
Ô rois ! et ce respect, vous l’appelez estime !
Je ne m’étonne plus si Rome vous opprime.
Seigneur, connaissez-vous ; rompez l’enchantement
Qui vous fait un devoir de votre abaissement.
Vous régnez, et ce n’est qu’un agent qui s’avance.
Au trône, votre place, attendez sa présence.
Sans vous embarrasser s’il est Scythe ou Romain,
Laissez-le jusqu’à vous poursuivre son chemin.
De quel droit le Sénat pourrait-il donc prétendre
Des respects qu’à vous-même il ne voudrait pas rendre ?
Mais que vous dis-je ? à Rome, à peine un sénateur
Daignerait d’un regard vous accorder l’honneur,
Et vous apercevant dans une foule obscure,
Vous ferait un accueil plus choquant qu’une injure.
De combien cependant êtes-vous au-dessus
De chaque sénateur !…