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Est de n’oublier rien pour m’éloigner du roi.
Il va même essayer l’impérieux langage
Dont à ses envoyés Rome prescrit l’usage ;
Et ce piège grossier, que tend sa vanité,
Souvent de plus d’un roi surprit la fermeté.
Quoi qu’il en soit, enfin, trop aimable Princesse,
Vous possédez du roi l’estime et la tendresse :
Et moi, qui vous connais, je puis avec honneur
En demander ici l’usage en ma faveur.
Se soustraire au bienfait d’une âme vertueuse,
C’est soi-même souvent l’avoir peu généreuse.
Annibal, destiné pour être votre époux,
N’aura point à rougir d’avoir compté sur vous :
Et votre cœur, enfin, est assez grand pour croire
Qu’il est de son devoir d’avoir soin de ma gloire.

LAODICE

Oui, je la soutiendrai ; n’en doutez point, Seigneur,
L’espoir que vous formez rend justice à mon cœur.
L’inviolable foi que je vous ai donnée
M’associe aux hasards de votre destinée.
Mais aujourd’hui, Seigneur, je n’en ferais pas moins,
Quand vous n’auriez point droit de demander mes soins.
Croyez à votre tour que j’ai l’âme trop fière
Pour qu’Annibal en vain m’eût fait une prière.
Mais, Seigneur, Prusias, dont vous vous défiez,
Sera plus vertueux que vous ne le croyez :
Et puisque avec ma foi vous reçûtes la sienne,
Vos intérêts n’ont pas besoin qu’on les soutienne.

ANNIBAL

Non, je m’occupe ici de plus nobles projets,