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terre glaise, et ce coin, au fond du jardin, que je creusais pour atteindre l’eau… La mère Bisson s’approche de moi. Elle est toute ronde et tout emmitouflée : « M.  le Curé fait dire comme ça à monsieur l’Abbé que le docteur Samuel est là.. Alors quand monsieur l’Abbé voudra… » Elle reste là, plantée devant moi, ne sachant ce qu’elle pourrait dire, mais très désireuse de parler : « Voilà le printemps, monsieur l’Abbé, toutes nos poules se remettent à pondre… Ah ! on va être un peu moins malheureux… » Elle inspecte le ciel : « Les vents sont hauts… Pour sûr, pour sûr c’est du beau temps… Alors quand monsieur l’Abbé voudra… — Je viens tout de suite. » Elle s’en allait, il a suffi que je réponde pour qu’elle refasse deux pas vers moi : « Oh ! vous savez, M. Samuel n’est jamais pressé. Je suis bien sûre qu’il va falloir faire la collation, et peut-être qu’il restera à souper… » Je ne réponds pas. Alors elle s’en va de son petit pas boiteux. Je l’entends secouer ses sabots sur le pavé, avant d’entrer dans le couloir.

Il m’est difficile de supporter la mère Bisson. M.  le Curé dit que c’est une excellente femme. Je la crois hypocrite et médisante. j’ai l’impression qu’elle est toujours en train de me surveiller. Je n’aime pas non plus la façon dont elle parle de certaines choses, notamment des choses du mariage. Elle est, sur ce chapitre, non seulement impure, mais mal-