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Elle s’assied et me force à m’asseoir en face d’elle. Nous sommes près de la fenêtre : « Seulement, je voudrais bien te voir grossir un peu. Le séminaire est le séminaire, mais c’est passé ! Te voilà curé ! Tu n’as plus à te priver, maintenant !… Je hausse les épaules. « Enfin, Ernest, le bon Dieu a besoin que tu vives ! » De fait, j’ai dû maigrir encore. Hier, dans la petite église de Saint-Martin, j’ai manqué m’évanouir pendant la messe. Ç’a été quelque chose de très curieux. Je venais de terminer le Pater Noster — l’ai-je seulement terminé ? — ai-je seulement dit : et ne nos inducas in tentationem ? toujours est-il que je n’ai pas entendu l’enfant de chœur répondre : sed libera nos a malo. Je suis resté cramponné à l’autel assez longtemps, à ce qu’il m’a semblé, avant de dire le Libera nos : le même malaise m’a repris, mais peut-être un peu moins intense, un tout petit peu avant la Communion, au Domine Jesu Christe

« Pacem relinquo vobis ; pacem meam do vobis… Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… » Combien j’ai aimé ces paroles à mes premières messes ! Elles m’emplissaient d’une émotion curieuse. Un court instant je n’étais plus moi-même. Maintenant, je les dis avec sérieux — bien sûr ! — même avec une certaine ferveur volontaire, mais ce n’est plus la même chose.

J’en arrive à me demander si, tout de