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J’ai trouvé enfin, dans cette maison, où me retirer : une vieille petite chambre mansardée, qui a dû être tapissée autrefois — on ne voit plus que le papier de journal –, et qui donne, de son unique fenêtre, sur le jardin. Thérèse a haussé les épaules lorsque je lui ai dit mon intention : « Comme si tu ne pouvais pas faire ton travail en bas, dans la salle à manger, et bien au chaud ! Et les enfants, qui est-ce qui les aidera à faire leurs devoirs ? Ce n’est toujours pas moi !… Enfin… Tout ce que je dis… » Pour Thérèse, mon travail, c’est de corriger des copies ou de préparer mon journal de classe. Elle n’ignore pourtant pas que, depuis dix ans, j’écris des pages et des pages sur des carnets (je les achète rue La Pérouse), sur des cahiers (c’est l’école qui me les fournit), que j’entasse dans un des placards de ce grenier, et dont je ne sais pas trop quel sera l’usage. Je me dis parfois que si je les envoyais par exemple à la N. R. F., ou chez Grasset… mais voilà, ce ne sont que des pages de journal, et ces choses-là n’intéressent, d’ordinaire, que lorsqu’elles sont d’un homme célèbre. Singulier, tout de même, que le journal d’un inconnu ait si peu