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marchands du Temple… L’homme me jeta un regard noir, dit quelques mots que je ne compris pas, et poursuivit. Je rentrai, fier et exultant. J avais un chapelet à dire que je dis avec une joie, un élan extraordinaires. Je savais bien ce qui se passerait : le jeune monsieur prendrait désormais un autre chemin — ce lui est possible — mais demain soir, il y aurait, dans l’Echo de Fécamp, un article, fielleux à souhait, sur ce jeune vicaire qui… Bon ! et alors je répondrais. Et dans le journal, et dans la chaire. L’église enfin allait se réveiller. M. le Curé lui-même se verrait entraîné, et M. de Saint-Englebert, et d’autres encore timorés, et tous ces jeunes gens qui attendent, qui n’ont besoin que du mot d’ordre. L’article parut. On m’y rappelait fraternellement, avec de simulés regrets, à l’authentique vérité du christianisme : « … Quoi donc, Monsieur l’Abbé, on n’apprend plus dans les séminaires qu’il faut aimer, même ses ennemis ? Cela sans doute n’est plus valable, et l’Église a changé tout ça… « Quelle belle réponse il y avait à faire ! Car c’est là que je les attendais. Oui, sur ce point, précisément. Le visage consterné de M. le Curé fit s’évanouir toutes mes illusions, et un certain regard de M. de Saint-Englebert, comme je quêtais le dimanche d’après. (L’aurais-je rêvé ? Il me semble que mademoiselle de Saint-Englebert fut spécialement aimable — aimable autant qu’elle le