Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

un geste évasif. M.  le Comte soulève à présent la question de l’harmonium : « Est-il faux à ce point, Monsieur le Curé ? Et ne pourrions-nous attendre un peu encore ? Et puis, à la vérité, qui souffre de cet harmonium ? » Je me contiens : je sais bien, moi, qui en souffre le plus. « Odette ! » M.  le Comte se tourne vers mademoiselle de Saint-Englebert, qui tricote, absorbée, dans l’ombre. — « Odette, qu’est-ce que tu penses de l’harmonium ? » C’est mademoiselle de Saint-Englebert qui touche l’harmonium à la messe du dimanche. « Je pense, dit-elle, que c’est horrible d’en jouer. » Elle a parlé d’un ton assez sec, et définitif. Je ne sais pourquoi elle m’est si violemment antipathique. Je suis heureux de n’être pas son confesseur. Je pense qu’elle a, elle-même, beaucoup de peine à me supporter. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Oui, Seigneur, mais c’est bien difficile.

« Eh bien, Monsieur le Curé, nous ferons aussi cette réparation… » Mademoiselle de Saint-Englebert n’a seulement pas relevé la tête. Il est évident qu’elle considérerait comme une bassesse d’exprimer qu’elle est satisfaite.

Je n’ai guère d’expérience encore, mais je pense qu’il est difficile à une jeune fille de vieillir, sans dommage, dans le célibat. Et c’est pourquoi, sans doute, celles qui réalisent ce miracle nous proposent un visage exceptionnellement beau.