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faire de la peine, Monsieur l’Abbé, mais il faut tout dire n’est-ce pas ? — eh bien hier, pas plus tard qu’hier, j’ai rencontré le père Ratel — vous le connaissez P — vous savez ? celui des Taillis, celui qui a, il y a deux ans, parié sa femme avec Hauchecorne ? — eh bien Ratel, à qui j’avais fait envoyer, la veille, par mon garde-chasse, du bois de la coupe de Fondimare, Ratel n’a même pas daigné me saluer. Il passait avec une brouette, il n’y avait que moi sur la route, il n’a même pas paru gêné… Tout comme si je n’existais pas… Qu’est-ce que vous en dites ? »

J’avais encore bien des choses à dire. Je jugeai pourtant inutile de répondre. M.  le Curé, d’ailleurs, intervenait : « Ah ! il est certain, Monsieur le Comte, que la charité est devenue difficile, il est certain qu’il est de mauvais pauvres ! Il soupira : « Mais il ne faut pas nous décourager, et Dieu, sans doute, reconnaîtra les siens ! »

Puis nous nous rapprochâmes du feu. M.  le Comte s’entretint, avec M.  le Curé, des quelques réparations qu’il compte faire à l’église. Comme le mur de la chapelle Saint-Joseph est humide et tombe en morceaux, il propose d’y faire appliquer les boiseries qui ornaient, il y a un an, sa salle à manger. « Évidemment, ce sont des motifs de salle à manger : des poires, des pommes ; mais on n’y regardera pas de si près ! » M.  le Curé fait