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dissolus. Ils sont tendres et un peu lâches. Notre Sainte Mère l’Église, si accueillante au pécheur repentant, se doit, je crois, de bien fermer ses portes au nez de ceux qui ne veulent pas voir clair.

Monsieur le Curé, qui est un homme d’un certain âge et que sa vie facile dans cette paroisse toute tiède a, peut-être, un peu endormi, parlait du professeur Rousseau avec une nuance de pitié. Je n’ai pu m’empêcher de marquer mon dissentiment : « Monsieur le Curé, vous êtes meilleur que moi, et je suis jeune, mais ne croyez-vous pas qu’il faille, dans cette affaire, exprimer un jugement plus ferme ? N’y va-t-il pas des vérités de la foi elles-mêmes, et si M. Rousseau avait été meilleur catholique, moins fantaisiste, moins rêvasseur, s’il était venu à confesse, s’il avait communié quelquefois, car il ne communiait jamais — ne croyez-vous pas, Monsieur le Curé, que cette tentation lui eût été épargnée ou qu’il l’eût repoussée vigoureusement ? Et puis cette fille était une protestante !… Je vais vous paraître indiscret mais, avec votre permission, Monsieur le Curé, je glisserais volontiers un mot de cette histoire dans le sermon que je dois faire dimanche. »

Monsieur le Curé avait les yeux mi-clos et la tête renversée un peu. Il fumait par petites bouffées. Il me dit d’une voix hésitante et grasse et molle, et qui vous circonvenait :