Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

vais fuir. Alors je dis, et je sens une malice sur mon visage, là, dans la petite ride du coin de la bouche, alors je dis, très calmement, très légèrement même, et comme distrait : « Monsieur le Principal, si vous n’y voyez pas d’inconvénients, je poserai ma candidature. » « — Vous avez entendu, messieurs ? monsieur Rousseau pose sa candidature. Je mets aux voix. » Toutes les mains se sont levées. « Opinion contraire ? » Pas une main qui se lève. Pas même la main de Dumouchel. Ils me regardent tous silencieusement. Je dis seulement, sur un ton bref : « Je vous remercie » et je regarde, les jambes croisées, la chaussette bien en évidence (j’ai exigé avant-hier de Thérèse qu’elle m’en achetât une nouvelle paire) je regarde, sur le bureau du Principal, ce bronze affreux que nous lui offrîmes l’an dernier, pour la rosette.

« Voudrais-tu mettre le pot à lait chez madame Legros ? — Ma chère Thérèse, j’ai décidé de ne plus déambuler avec ma serviette et un pot à lait. Philippe, tu es là ?… — Oui… — J’aimerais que tu répondes plus vite !… Philippe, ta mère te parle… »

Vu hier le Père Richardeau. Il était six heures du soir. J’allais me mettre à mes copies : « Eh