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fougue ! Il m’a semblé qu’il me regardait avec étonnement, peut-être même avec pitié. Je l’avais cru intelligent, d’une intelligence supérieure, je me demande à présent s’il ne joue pas, si sa bonté même n’est pas feinte. Je me demande s’il y a tant de vraie force dans le monde.

Thérèse ne me reconnaît plus. Ni les enfants. Leur regard étonné hier, quand j’ai parlé ! Nous étions à table. Je n’étais là, il y a deux mois, qu’un pauvre bougre. Royaume de Thérèse ! J’avais hâte de quitter les lieux. Je suis resté assis, après le café, pour river son clou à Philippe, sur je ne sais plus quelle histoire. Il avait d’abord résisté, effrontément, comme à l’ordinaire — j’allais écrire : comme autrefois. Je l’ai assis. D’abord, il a bégayé comiquement : « Mais, mais Papa… » puis s’est effondré. Alors j’ai appuyé. De toutes mes forces.

Et mes élèves ! Plus une mouche qui vole. « M’sieu ! M’sieu. — Monsieur Mériel, si vous avez quelque chose à me demander, je vous prierai de lever la main. Au surplus, je n’ai rien à vous dire : les deux problèmes sont devant vous, débrouillez-vous !… — Débrouillez-vous ! … Facile à dire ! (C’est Bougeant qui a dit cela : je lui ai vu remuer les lèvres.) — Monsieur Bougeant, prenez la porte ! » Il