Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

fier à toutes les convenances ? Devenir soi, cela d’abord exigerait-il d’être tout le monde, d’endosser le commun manteau ? Ces réflexions me jettent loin de moi-même, loin je ne dis pas du cercle de ma vie, mais de ce que je m’y suis proposé. C’est singulier, que je voudrais être. Point distingué. Je suis barbare et tiens à l’être. Force, ou faiblesse ? Encore, encore cette terrible question. La seule question. Force, ou faiblesse ? L’homme vraiment fort — et nous y voilà revenu ! — l’homme vraiment fort ne doit-il pas, d’abord, être tout le monde ? Ne faut-il pas, d’abord, que la I^oi s’accomplisse ? Et n’est-ce rien, déjà, que d’accomplir (que d’achever) la Loi ?

Ma pipe va mieux. Décidément. Dommage que j’aie si peu de tabac : un seul paquet de gris par mois, Pas moyen d’acheter davantage.

Dimanche. Je suis allé ce matin à la messe. À la grand’messe. Une fois n’est pas coutume. C’est mademoiselle de Saint-Englebert qui tenait l’harmonium. Elle en joue bien. Mais pourquoi faut-il qu’on entende tellement les soufflets ? Le jeune vicaire officiait. Il est sec, presque mécanique. On dirait qu’il a hâte de finir. On dirait qu’il est fait pour la campagne et pour le vent. Pour la guerre sainte.