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d’œil, comme je le fais à l’ordinaire, sur les problèmes donnés la veille ; pas davantage sur la leçon d’aujourd’hui. J’ai tenté de le faire, mais j’ai vu là comme une faiblesse : « Naturellement, tu trembles encore ! Mais, bon Dieu, un homme est un homme ! et monsieur l’inspecteur aussi ! Prouve-toi donc une fois à toi-même que tu es capable d’oser ! Jette-toi à l’eau ! »

Et je me suis jeté à l’eau. Pour m’y noyer. Incapable de trouver la solution du problème numéro 312. Oui, 312. Au bas de la page. (Je pensais : et pourquoi donc ce 312 ? Pourquoi, pourquoi n’est-ce pas plutôt le 313 ?) « — Ne vous troublez pas, mon cher professeur ! Faites comme si je n’étais pas là ! » Et le regard narquois des gosses ! et l’embarras, plus douloureux encore, de quelques-uns !… « — Allons, mon cher professeur, voici qu’il est déjà la demie… Laissez cela… Vous y penserez pour la prochaine fois… Si vous faisiez maintenant votre leçon ?… » Monsieur le Principal mordait son pouce de temps à autre, et me regardait, m’encourageait, oui, parfois même, d’un petit sourire. Je me raidis. J’assemblai toutes mes énergies : « Je vais me venger, me redresser, là, tout d’un coup et lui faire un cours magistral ! … » Je ne pus aligner deux mots. Je balbutiai, je bredouillai, je bégayai. Je dus avouer enfin : « Je ne sais pas ce que j’ai, Monsieur l’inspecteur, je ne pourrai pas… » Je restais là