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Et de s’étonner, après ça, de ce dégoût qu’on a des lettres !

Sur ce chapitre, je suis intarissable. Madeleine Mercier m’écoute et elle m’approuve : « Ah ! quel dommage, monsieur Rousseau, quel dommage que vous ne soyez pas professeur ! … Je veux dire : de littérature ! » « — Non, Mademoiselle, je ne saurais pas ! Pas à trente élèves à la fois. Ou alors je parlerais tout seul. Pour moi. »

Je me lève. Je jette par la fenêtre un regard superbe, un regard que je sens> puissant, dominateur. Ai-je jamais regardé ainsi ? Ah ! que n’ai-je enseigné les lettres !

Madeleine Mercier m’a emprunté La Symphonie Pastorale. Devais-je lui prêter cet ouvrage ? Mais, ce disant, je joue la comédie : on m’a bien dit, maintes et maintes fois, que Gide est un auteur malsain ; j’en suis encore à me demander en quoi.

Thérèse s’habille mal. Elle n’a jamais su s’habiller. Elle est bien faite, pourtant, et pas trop alourdie par l’âge. Pourquoi se néglige-t-elle ainsi ? « — Bah ! ce sera assez bon pour moi ! » Elle fait ses robes. Que ne les donne-t-elle à faire ? C’est comme ses mains ! Pourquoi ne soigne-t-elle pas ses mains ? Et jamais un soupçon de poudre ! Naturellement, pas de rouge aux lèvres : « Tu ne voudrais pas ! »