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Une magnifique sérénité. Non, il n’y a pas, dans toute notre littérature, un poète qui, de son vivant, se soit aussi bien déguisé. »

Monsieur le Principal m’a fait venir dans son bureau. Il m’y a retenu près d’une heure : « Monsieur Rousseau, je suis vraiment désolé : j’ai à vous dire des choses désagréables. Vous êtes un excellent professeur, et monsieur l’inspecteur Général lui-même, à son dernier passage, a eu de vous la meilleure impression. Oui, je dis bien, monsieur Rousseau : il a eu la meilleure impression. Mais, et vous le savez bien vous-même, mais, il y a la discipline. Comprenez-moi, monsieur Rousseau : à quoi sert-il que vous fassiez d’excellents cours si les élèves n’en profitent pas ? On cause beaucoup, dans votre classe. On rit parfois. Bien sûr, je comprends qu’on doive rire. De temps en temps. C’est nécessaire. Mais il faut savoir s’arrêter. On ne s’arrête pas, monsieur Rousseau ! Quelques élèves, ià ce qu’on m’a dit, vous jouent des tours. J’ai eu la visite de parents : on se plaint beaucoup, on nous menace d’une pétition. On écrira, dit-on, à monsieur l’inspecteur. A monsieur le Recteur, s’il le faut. Au Ministère. Vous avez le fils de monsieur le Sous-Préfet. Ces choses-là peuvent aller très loin !

« Monsieur Rousseau, j’ai une grande sympathie pour vous. Je serais navré, croyez-moi, s’il me fallait… comment vous dire ?… prendre