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Marcel, tu as parfois des idées extraordinaires ! »

Est-ce que Thérèse aurait dit ça ? Mais c’est un fait qu’elle ne l’a point dit. Elle est toujours où je ne l’attends pas et nous passons le plus clair de notre temps à courir l’un derrière l’autre et à tâcher de nous rejoindre. Suis-je donc tellement peu psychologue ? Moi qui croyais ! Mais les mathématiques peut-être, l’usage que j’en fais constamment, m’ont alourdi. Qu’est-ce que je raconte ? Autant me taire. Je suis là, en plein désarroi et à me poser toutes sortes de questions qui sont, au fond, sûrement idiotes. Si je comprends bien, je me demande ce qu’est Thérèse. Mais n’y a-t-il donc qu’une Thérèse ? Thérèse ne change-t-elle point avec le jour, et, dans une seule journée même, n’y a-t-il point plusieurs Thérèses ? Et n’est-ce point vrai de toutes les femmes ?

Pourtant, il y a une Thérèse, une Thérèse calme, celle du dimanche après-midi, toute dénouée : l’ancienne Thérèse, celle d’autrefois, celle qui s’approche : « Dis, mon ami… (Je prends sa tête.) M’aimes-tu encore ? — Mais oui bien sûr ! — Bien sûr, bien sûr ? et personne d’autre ? » Alors ici elle se reprend : « Et puis, tu sais, je ne t’en voudrais pas ! Cela pourrait bien t’arriver… Quelque jeune femme… Tiens, par exemple, mademoiselle Lebrun. .. Oui, tu sais, ta nouvelle collègue ? La