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Je viens d’avoir une scène avec Thérèse. Et à propos de cette leçon. Où la donner ? Je pensais à la salle à manger : c’est plus décent. C’est même, à y bien penser, la seule pièce où ce soit possible. Thérèse a jeté les hauts cris : « Et les enfants ? — Mais ils seront dans la cuisine ! — Dans la cuisine ! (Thérèse a haussé les épaules.) Dans la cuisine ! Comme si on pouvait y tenir ! À deux on s’y marche sur les pieds ! Naturellement, pourvu que toi… ! — Thérèse, parlons bien calmement : veux-tu me dire où je dois aller. — Où ? mais là-haut ! dans ta mansarde ! Retapisse-la ! Philippe t’aidera ! Vous ferez ça ensemble jeudi. N’est-ce pas, Philippe ? Il ne fera pas froid, tu seras, là-haut, tout à fait tranquille !… Eh bien ! parle donc ! Qu’est-ce que tu penses ? »

Je restais là, interloqué. Sûrement, Thérèse avait raison. Une fois de plus. Comment n’y avais-je pas pensé ? Oui, certainement. Pourtant… pourtant je n’aurais pas moi-même, à ce qu’il me semble, si j’y avais pensé d’abord, osé faire cette proposition. Thérèse, alors, ne m’aurait-elle point dit : « Mais tu es fou, mon pauvre ami ! Dans ce grenier ! (Elle n’aurait pas dit : une mansarde !) Que va penser madame Mercier ? Nous avons la salle à manger. Tu t’y mettras. On se tassera dans la cuisine : pour une heure, ce n’est pas si long ! Vraiment,