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lement ! tu vas la plaindre ! » Je me suis tu. Et Jeanne que je sentais durcie, tendue, près d’une colère, s’est dénouée soudain en sanglots. Jacques la regardait et me regardait : qu’est-ce que tu attends, toi, le père, pour faire ce que tu as à faire ? Cécile riait : elle n’aime pas Jeanne ; elle est sournoise. Quant à Pierre, les coudes, sur la table, il lisait, ou faisait semblant.

« Ah ! à propos, m’a dit Thérèse, une dame est venue ; une dame… comment ? — Pierre ! entends-tu ? — Madame Mercier. » — « Madame Mercier ! oui, c’est bien ça ! Elle a une fille, qui est au collège… oui… une grande fille de dix-huit ans, et qui est faible en arithmétique (Thérèse, jamais, ne dit : mathématiques). Elle voudrait te voir pour des leçons. Elle doit revenir demain soir. »

Madame Mercier ? J’ai beau chercher : je ne vois pas. Pierre dit : « Mais oui ! Madame Mercier, tu sais, sur la place de l’église ! Deux maisons avant l’épicerie ! » Je tâche de voir. Je dis : « Ah ! bon ! » mais je ne vois pas. « Enfin, (et Thérèse, en même temps, pousse devant moi la tasse de café), enfin elle reviendra demain, avec sa fille, qui ne pouvait pas aujourd’hui. J’ai cru comprendre qu’elle disait : elle est prise par monsieur le Pasteur. Ce serait donc une protestante. Je n’en suis pas sûre. Combien comptes-tu lui demander ? » « — Bah ! vingt-cinq francs ! Je ne puis pas