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dire cela ? que vous, vous cachez derrière Dieu… » Qu’est-ce que j’ai caché derrière Dieu ? Ah ! j’en ai mis du temps à trouver cette réponse ! Mon impuissance ! J’ai baptisé défense de Dieu ce qui n’était, en moi, qu’un manque de force. Et à présent ? À présent, si je suis si calme, apparemment, est-ce par vertu ? Est-ce que ma vie, mieux préservée de l’opinion, moins abritée des tentations, continuerait d’être aussi sage ? Et si Thérèse — il faut dire tout — , si Thérèse se trouvait absente, pour plus d’un mois, qu’il y eût ici une servante, jeune et accorte, qui fît elle-même les premiers pas., qui fût prudente, saurais-tu donc lui résister ? Et si tu ne résistais pas, si à la fin tu succombais, comment porterais-tu ta faute ? Qu’en ferais-tu ?

J’en étais là lorsque Thérèse, montée doucement, s’est trouvée soudain derrière moi. Elle pouvait lire. Elle n’a pas lu. Par discrétion ? Par indifférence. « Encore ta folie d’écritures ! (elle appelle ça mes écritures.) Tu pourrais bien ouvrir la fenêtre : ça ne sent pas trop bon, là-dedans ! » Et elle s’affaire autour de moi et jette un regard dédaigneux — es-tu bien sûr ? — sur un portrait de Raphaël, une Madone dont je ne me lasse point. Elle fait du bruit. Le bruit qu’elle doit faire, ou un peu plus qu’elle