Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée


Quel beau jour, mon Dieu ! Oui, presque aussi beau, plus beau peut-être que celui de cette première communion que j’évoquais samedi devant mademoiselle de Saint-Englebert.

Comme je quittais la sacristie, après les vêpres, madame de Saint-Englebert s’est approchée de moi et elle m"a dit : « Monsieur l’Abbé, nous n’avons jamais eu ici une première communion aussi belle. Jamais personne, monsieur l’Abbé, jamais personne n’a prêché comme vous. » Elle ajouta après un silence : « Vous m’excuserez, n’est-ce pas, de vous dire les choses si… grossièrement, mais voyez-vous — elle pencha la tête — il y a des moments où il est bon de négliger toute forme… »

Je n’ai pas compris, ni ne comprends encore la grossièreté de madame de Saint-Englebert. Voulait-elle dire que tout compliment doit s’envelopper, et de telle façon qu’il devienne à peine perceptible ? S’agit-il là des lois d’un certain monde ? J’ai toujours peur, avec ce monde-là, et précisément avec mademoiselle Odette, de faire quelque sottise. Certes, je me suis enrichi depuis un an, et affiné sans doute aussi, mais je suis rustre encore, et invinciblement.