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LE VENT SE LÈVE

doit-il, ou non, aller au patronage cet après-midi ?

Voilà encore une de ces questions sur lesquelles je ne suis pas au clair. J’ai des sentiments religieux. Je crois même que je suis catholique. Entendons-nous : je le suis, comme tant d’autres, à ma façon. J’ai de la peine à croire, par exemple, que Dieu habite cette petite boîte, au fond de l’église, que l’on appelle le Tabernacle, et j’ai cessé de communier, mais je n’en assiste pas moins à la messe du dimanche. Et pas seulement pour faire plaisir à Thérèse, et, comme elle dit, pour donner l’exemple. « Faut ce qu’il faut, déclare Thérèse, et je n’en suis pas pour les mômeries, mais les enfants doivent communier, et faire leurs Pâques jusqu’à seize ans, et un peu plus tard pour les filles. Après quoi, ils se décideront ! » Je vais donc à la messe du dimanche. Avec un paroissien dans lequel je lis, en français, scrupuleusement, l’office du jour. Je regrette de ne pas savoir le latin : c’est rond, c’est plein, et ça vous donne envie de chanter. La langue de Dieu ! J’assiste même, quand c’est l’été, une fois à peu près par quinzaine, selon l’humeur, à la petite messe du matin. Il n’y a guère que moi et la mère Lasnel. Une vieille bigote. Le portail est resté ouvert sur le cimetière et sur les arbres, et, quand le curé se prosterne, au moment de l’élévation on entend les oiseaux chanter. C’est beau. Parfois encore, revenant