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— les complots qui se trament dans les ténèbres… »

Comme je me sens faible ce soir !

« Procul recedant somnia.

« Et noctium phantasmata

« Éloignez de nous les songes et les cauchemars de la nuit… »

Je viens d’allumer la lampe. L’odeur des roses entrait par la fenêtre. J’ai dû fermer : il me semblait que toute la nuit était complice… complice de quoi ?… que toute la nuit était impure. J’aurais voulu vivre à jamais sur une plage dévorée de soleil, dans une solitude consumée.

Je me relis. Je relis les pages que j’écrivais à mon arrivée ici. Qu’est-ce qui se passe, mon Dieu, et où en suis-je ? Et comment expliquer cela ? Qu’ai-je changé à ma vie depuis un an ? Je n’ai fait que me décider à manger un peu plus au repas du soir. C’est tout. Rigoureusement tout.

Est-ce que je ne ferais que commencer à savoir les choses ? Est-ce que, jusqu’à présent, je n’en aurais rien su ? Je me croyais arrivé, et voilà que tout recommence… que tout commence…

Je suis resté quinze jours sans écrire, quinze jours durant lesquels, bien que je me sois confessé, bien qu’il m’ait été dit de ne pas prendre