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bla percevoir, parmi les voix, comme à la fois éteinte et chaude, la voix de mademoiselle de Saint-Englebert. Plus je vais, plus je pense que cette jeune fille eût dû entrer en religion, et je ne vois pas pour elle d’ordre meilleur que celui des Carmélites.

« Deus, in adjutorium meum intende — 0 Dieu, venez à mon aide. Seigneur, hâtez-vous de me secourir. »

Pourquoi ces paroles usées sont-elles devenues tout d’un coup si émouvantes ? Qu’ai-je fait, Seigneur ou qu’ai-je pensé, qui mérite soudain cette hâte ?

« In tribulatione dilatasti mihi… — Dans l’épreuve vous avez dilaté mon âme… »

Or je ne connais rien de l’épreuve… Pourtant c’est comme si d’avance, je savais… Comment donc exprimer cela ?

« Signatum est super nos lumen vultus tui, Domine : detisti laetitiam in corde meo. »

« Pour nous, Seigneur, la lumière de Votre sourire est un gage certain : Vous avez mis la joie dans mon cœur. »

La lumière de Votre sourire ! Dieu, à cette heure, ne fait plus que sourire. Sa lumineuse présence s’efface. Bientôt nous entrerons au royaume des ténèbres.

« Vous avez mis la joie dans mon cœur, » mais, Seigneur, qu’adviendra-t-il de cette joie parmi la nuit ?

« … a negotio perambulante in tenebra