Page:Marius Grout - Le vent se lève.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

çons de catéchisme. Je craignis que le ridicule petit meuble ne s’effondrât sous son poids. Il en eut conscience lui-même et s’installa sans plus de gêne, sur le rebord de la fenêtre. Il tournait ainsi le dos à la lumière, et, le soir tombant, il me fut quasi impossible de découvrir précisément ses traits.

« Monsieur l’Abbé (il parlait d’une voix caverneuse, de la voix d’un homme qui a bu ou qui, plutôt, a l’habitude de boire), monsieur l’Abbé, oui, je voudrais me confesser. Il y a longtemps que ça me démange. » Comme je lui proposais de passer dans l’église pour gagner le confessionnal, il s’y refusa : « Pourquoi pas ici ? » Alors j’approchai un prie-Dieu et une petite chaise et me disposai à prendre mon surplis lorsqu’il ajouta : « Pas de cérémonie. Mettons, monsieur l’Abbé, que j’aie envie de parler avec vous. » Je fis, ou essayai de faire, un geste qui marquât mon assentiment et m’installai en face de lui. Il ne me fut pas possible de placer d’autres paroles que celles, quelconques, qu’impose la simple politesse et quand je disais tout à l’heure : « Je rapporterai cet entretien, » ce n’était qu’une façon de parler : il n’y eut qu’un long monologue, coupé parfois de lourds silences qu’il m’était impossible de rompre.

« Monsieur l’Abbé, je ne suis pas d’ici. Je suis de passage. J’avais envie de parler à un homme. Je me suis dit que parler pour parler,