dit, étant d’ailleurs assez peu intéressé par ce genre de groupement si, au hasard d’une conversation, M. le Curé n’avait parlé avec émotion du « cher abbé Rivet », et n’avait déploré d’être sans nouvelles de lui depuis deux ans. M. le Curé a lu l’article avant-hier soir, après dîner. La mère Bisson venait de nous apporter le tilleul ordinaire. « Eh bien, mon enfant, il y a peut-être là quelque chose à faire ? hein ? vous qui voudriez tant faire quelque chose ! » J’arguai de ma propre incapacité — je ne suis pas un intellectuel — et aussi de l’insuffisance de nos jeunes paroissiens et paroissiennes. M. le Curé ne voulut pas considérer un instant ma propre incapacité : « Et quant à vos jeunes paroissiens, mais vous avez François Deconihout ? Vos jeunes paroissiennes ? Mais vous avez mademoiselle de Saint-Englebert ! Voilà, n’est-il pas vrai, de ; quoi commencer ? Et, mon enfant (M. le Curé détache les mots et se penche vers moi avec un sourire malicieux), je vous laisserai toute liberté. Entendez-vous ? Toute liberté ! Il faut bien que vous vous habituiez à prendre vos responsabilités : d’ici deux ans, trois ans ; au maximum, vous nous quitterez… Voyez-vous, j’ai toujours désapprouvé ces curés qui mettent leur vicaire en tutelle. Quoi d’étonnant après, s’il ne sait pas marcher tout seul ! Enfin, vous allez réfléchir, mais je juge moi tout cela très souhaitable. Très souhaitable. »
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