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menades à la digue ne me suffisent plus, même dans le grand vent. J’ai faim d’une belle sortie en mer. Il faudra que je voie cela avec un pêcheur. Par exemple le père d’André.

André — c’est un de nos enfants, il est premier au catéchisme, et doit communier cette année — André me ramène justement à une inquiétude que j’ai touchant mon travail du jeudi matin : je n’aime pas enseigner le catéchisme, et surtout par demandes et réponses — selon la méthode de M.  le Curé — et dans l’affreux petit bouquin de monseigneur Fuzet. « Qu’est-ce que Dieu ? » dit Ernest à Charles, et Charles de répondre, s’il sait sa leçon : « Dieu est un pur esprit, infiniment parfait, qui a tout créé et qui gouverne tout. » Et Charles doit ajouter, se tournant vers Auguste : « Pourquoi dites-vous que Dieu est un pur esprit ? » Auguste répondra : « Parce qu’il n’a pas de corps et qu’il ne peut tomber sous nos sens… » Et ainsi de suite… Je sais bien que tout n’est pas explicable, surtout à des enfants de cet âge. Mais, tout de même ! L’autre jour, on parlait de la Trinité : « Qu’est-ce que la Trinité ? C’est le mystère d’un seul Dieu en trois personnes. » Ils racontaient ça comme ils racontent toutes choses, d’un air tranquille, j allais écrire : résigné. Mais non : ils sont heureux, ils rient même en racontant ça. Je leur ai dit : « Je ne vais pas vous expliquer le mystère de la Sainte-Trinité ; c’est inexplicable, nous