Page:Marius-Ary Leblond - En France, 1909.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée

retroussé vers les hommes plus hauts qu’elle, la natte courte dans le dos ; il lui sembla qu’il avait déjà vu cela quelque part dans le temps. La rue était spacieuse. Plus loin un enfant de quatre ans, allant seul, portait dans ses bras un pain plus long que lui. Claude avançait rapidement. Ses bagages rangés à l’hôtel, il s’éprouvait déjà parisien, martelant avec assurance l’asphalte. Il se sentait étonnamment entraîné par la rue, marchant derrière des gens, marchant parallèlement à des trams rapides, à des bicyclettes, porté dans le sens du mouvement ; mais inquiété de cette facilité à être emporté quand il ne savait pas très bien où il allait, il regardait les plaques d’émail violet aux coins des rues, il lisait ce qu’il y a d’écrit sur ces façades de maison tout imprimées comme les pages d’annonces de grands journaux, fixant en points de repère pour le retour une affiche en lettres dorées Robes, une pancarte de MAGGI, une affiche vert, rouge, jaune où un singe agenouillé tendait un bouquet de violette à une parisienne. Il arriva au boulevard Saint-Michel, surpris par l’air de Foret-Noire, où l’on cherche instinctivement des appentis de vieux horlogers, que sous les branches prenait cette voie célèbre par des orgies de jeunes gens. Tous les arbres, très bas, lui semblaient des arbres de Noël. Il fut profondément étonné d’avoir à remonter une telle pente ; il croyait la capitale bâtie sur un seul niveau. En plein milieu de chaussée, lourd et gigantesque, un tramway de haut bord descendait vertigineusement, donnant l’impression de devoir culbuter au bas. Au rond-point du