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rangée et sombre où il ne faisait pas de bruit, intimidé par les tentures des fenêtres, l’édredon immense, le baldaquin, il se débarbouillait vite avec honte de toute la suie ramassée dans le wagon. Les reins rompus, il se sentait plus fatigué encore de ce voyage de dix-huit heures dans le train que des vingt-quatre jours de traversée ; et pour tâcher de se débarrasser du souvenir du chemin de fer, du bruit de ferraille qui restait accroché à ses oreilles, après s’être frotté il se rafraîchissait encore à grande eau.

Enfin il était arrivé à Paris ; autant de fait déjà ! Le visage chaud, ayant changé de col, de cravate, gardant seulement ses souliers poudreux parla crainte que la besogne basse du brossage ne rentrât point dans les attributions du garçon, il consulta à la hâte son calepin. Il lui semblait que dans une ville si populeuse on n’avait pas le droit de perdre un instant. Et il parcourait la liste des adresses, lisant à haute voix les numéros et les noms des rues :

29 bis, avenue de La Motte-Picquet… 37 ter, rue de Bourgogne… 5, boulevard de la Contrescarpe… Palais-Bourbon, quai d’Orsay… Pavillon de Flore… 28, avenue de l’Observatoire… avenue de la Bourdonnais… 14, rue Denfert-Rochereau… 243, rue Lafayette.

Il y avait des rues qui avaient 243 numéros !… Il se décida pour Léonce Déplas, 14, rue Denfert-Rochereau, parce qu’il avait été son meilleur camarade de collège.

Il sortit. À peine descendait-il du seuil, une fillette en tablier passa distraite sur le trottoir, le nez