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boutonnés comme des sergents de ville, dans une organisation municipale méthodique et reluisant de propreté, une cité de vitrines et d’employés de grands magasins. Or toutes les maisons étaient sales et vieilles, les façades pouilleuses et déchirées de lézardes, les fenêtres misérables avec ces rideaux jaunâtres qu’on voyait derrière toutes les vitres et presque de la couleur des façades ; à Marseille il avait déjà remarqué que sauf l’église des Réformés les monuments les plus vantés avaient une couleur gris sombre de fumée de cuisine : il restait étonné, n’ayant jamais pu concevoir la beauté que très propre, en marbre, très blanche, neuve. Tout était crasseux et noir. Encore cela se comprenait-il de Marseille qui est connue jusqu’aux antipodes pour la métropole des huiles et de la saleté. Mais Paris !

Son fiacre, dans un coup de roulis, le débarquait brusquement devant une porte surmontée d’une affiche qu’il prit pour l’enseigne d’un marchand de tabac. Mais ne possédant que cette adresse, confiant presque avec superstition en le numéro, — natif d’un pays où les rues n’ont pas de numéros, — il s’engouffrait dans le corridor, ayant payé le cocher cinq francs, laissant malle et colis à même le trottoir. Heureux que Thôtel existât encore, il acceptait tout ce que disait la dame mûre, accueillante et rosée :

« Voulez-vous monter au second ou au quatrième ?

— Oh ! au second, madame ! Je ne suis pas habitué à monter les étages. »

Il se laissait conduire comme un enfant par le garçon, très obéissant, très poli ; et dans la chambre