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vers Madagascar, une terre voisine et parente qu’il avançait à la même latitude, mais vers la France, vers le Nord. Elle ne savait plus bien de quel côté se tourner pour suivre la direction de son navire. Et tout cela la préoccupait comme dans un cauchemar, elle aussi. Elle prenait conscience à travers l’étendue que le bateau avançait à cette heure en roulant, sans tangage heureusement. Il s’éloignait. Il montait vers des mers presque blanchâtres semblables à des mers australes. À cette heure de la nuit, l’Équateur se présentait à elle glacial, mélancolique et désert comme le Pôle. Et comme un lent endormissement par le froid la gagnait. Elle ne pouvait plus bien revoir la figure de Claude, son corps même s’effaçait à moitié dans un halo lunaire. Il était à des distances infranchissables et autant elle pouvait se représenter nettement ce qu’il avait été il y a quelques mois, dans le jardin, passant devant le « barreau », autant ainsi son souvenir lui appartenait en détails précis et caressés, autant au bout de ces seuls huit jours elle ne savait plus rien, il se perdait pour elle, tellement la distance sépare plus que le temps.