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mander sur ce que un homme de sa taille, qui allait quitter le pays avec le prix d’honneur des mathématiques élémentaires, s’amusât encore comme un gamin de quatrième à obséder des petites filles. Mais il n’en rougissait pas.

Cette vie continue de diligente école buissonnière à courir à toutes les heures de liberté à travers les rues et les jardins pour escorter les pensionnats qui vont par processions de couples assortis, aux marches lentes, aux longues tresses, où soudain l’une se retourne avec un regard chatoyant, pour surprendre les chauds visages et les petits corsages plissés qui se penchent sur les terrasses, pour passer devant les ombrages de la maison même quand elles ne sont pas là, pour les voir sortir de la messe et vous chercher du porche parmi les autres, pour en accompagner une distraitement sur le trottoir parallèle tandis que sa famille rentre à pas comptés au milieu des autres, — cette vie d’échange et de caresse de regards, de saints épieurs, de pressions déliées des mains, d’entrelacements incertains dans les danses oii Ton s’approche le cœur nerveux et la gorge chargée d’une mielleuse angoisse, est une vie supérieure, la seule que les créoles puissent tenir pour le bonheur. Il n’y a que l’amour qui compte pour eux, le vieil amour créole traditionnel né de la joie que les races diverses des provinces françaises, se retrouvant dans une île édénienne, ont eue à se mêler pour refaire une race qui est comme la quintessence de la nation affinée dans un climat constamment voluptueux et doux. L’amour commande