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souviendrai de tes yeux tout brûlés et de tes paupières rougies… Et cela me fera mal, de les sentir près de moi, en rêve, tes grands yeux bleuâtres qui ont l’air de vouloir me boire tout entier !… (Il la caresse).

JULIETTE (rêveuse).

Je veux mourir pour te suivre… ce soir même… pour que mon âme te rejoigne au large… Je suis sûre ainsi de venir flotter près de toi, comme un fantôme autour du navire… Je descendrai le long des mâts et personne ne me verra, et nul ne se doutera de ma présence !… Tu me prendras dans tes bras, et tu m’emporteras dans ta cabine, où l’on est si à l’étroit… si bien, l’un près de l’autre !… Je serai toute blanche, comme dans la photographie que tu as suspendue sur ta couchette… N’est-ce pas, mon Paul… (délirant) que tu me recevras chez toi ?… Et la mer nous bercera sans fin…