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PAUL

Tout à coup, votre nom passait sous mes yeux, dans mes yeux, comme s’il était écrit sur du papier ! Cent fois je l’ai béni, votre nom qui rafraîchissait ma bouche en s’écrasant comme une orange sucrée entre mes lèvres et coulait tour à tour dans ma gorge avec la fraîcheur du lait !… J’ai revécu ainsi ma dernière soirée près de vous, quand tout à coup mon pied a effleuré le vôtre, sous la table… vous souvenez-vous ?… Eh bien !… dans le délire de la fièvre, je l’ai senti, je l’ai senti, votre petit pied, furetant dans mon cœur comme une souris dans une maison déserte.

MARY

Je ne me souviens plus !… D’ailleurs, c’est mal, d’avoir fait ainsi… C’est mal !… Et je ne puis vous écouter ! Partez, Paul ! Partez !…