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PAUL (après un silence).

Mais veuillez donc me dire l’origine de cette inexplicable jalousie…

MARY

C’est si fou, si enfantin, que vous aurez de la peine à le croire… Voilà : il m’est arrivé de parler souvent de Juliette et de vous, durant votre voyage… Et peut-être vous ai-je défendu, sans le vouloir, avec trop d’empressement… Je songeais à votre affreuse solitude au-delà des mers… Mon cœur qui ne s’est jamais consolé de la mort de Juliette, se reposait un peu en songeant que vous l’aimiez toujours passionnément… Et j’attendais avec angoisse votre retour, pour être sûre de votre fidélité et aussi pour vous consoler un peu en vous racontant les derniers instants de cette chère âme que vous avez fait tant souffrir… Oh ! sans le vouloir !… Et bien malgré vous !… Il me semblait aussi que ce n’était pas juste…