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JOHN

Je ne suis pas compliqué du tout… Je veux simplement avoir près de moi, quand je t’embrasse, des tableaux très précis de la laideur de la vie, pour filer en plein rêve avec toi… Tout à l’heure, en quittant le balcon, tu t’es laissée prendre, toi aussi, par la stupide gravité de ces deux fantoches, n’est-ce pas ?… Et tu as sursauté, tant ils avaient l’air vivants. (Un silence.) Vraiment, tu ne trouves pas que leur odieuse présence donne une beauté fascinante à la mer, aux nuages, aux navires, aux oiseaux et à ces étoiles qui plongent à l’horizon ?…

MARY

Je préfère que tu ne trouves de beauté que dans les yeux de ta petite Mary !… (M. Prudent ronfle bruyamment.)

JOHN (se retournant vers le fantoche).

Assez ronflé ! (Riant) finis-là !… (Il se tourne vers Mary, qui se couvre les yeux en réprimant