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Qu’avez-vous à me regarder ainsi, avec ces yeux épouvantés ?… Allons ! Je suis gaie… je suis gaie pour tout de bon !… (Elle se tourne vers Jacques). Que faites-vous là immobile ?… Je commence. Attrapez-moi !… Je m’en vais descendre par le sentier… Nous ferons tout le tour de la plage !… Mais, mon cher fiancé, vous n’êtes pas leste !… (Elle s’élance à droite, à gauche, en poussant les tables et les chaises contre Jacques, qui court après elle, suggestionné.) Vite ! vite !… vous ne savez pas courir ! Vous ne m’attraperez jamais ! Vous ne m’attraperez jamais ! (S’arrêtant un instant derrière une table, où elle appuie ses mains en raidissant les bras.) Allons, monsieur Jacques ! Quel est votre idéal ? Quelle est la chose que vous désirez le plus au monde ?… M’épouser ?… Eh bien ! Je vous épouserai, si vous m’attrapez !… (Elle disparaît à gauche, en riant, pour gagner le sentier qui descend aux rochers du rivage. Jacques la suit.)