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JULIETTE (Se levant avec effort, jette un regard désespéré vers les fanaux des cuirassés, qui s’embrument à l’horizon. Puis, se tournant vers sa mère et vers Jacques, elle éclate d’un fou rire hystérique.)

Mais oui ! soyons gais ! Pourquoi pas ?… Monsieur Jacques, j’ai une soif terrible !… (Sursautant et fiévreuse) Ah ! la gorge me brûle affreusement !… (Elle s’assied de nouveau.)

ROSE DUVERNY (Tandis que Jacques s’est élancé à la recherche d’un verre de champagne, elle reste debout près de sa fille et lui caresse les cheveux en lui parlant rapidement, avec une précipitation volontaire. Juliette écoute sa mère, en restant assise, le menton dans ses paumes et les coudes sur ses genoux. Puis elle se redresse avec un grand soupir d’angoisse douloureuse.)

Juliette ! tu n’as pas été sérieuse, ce soir !… Il ne fallait pas te cacher pendant des heures avec Paul ! Cela est absurde et inconvenant. Tu sais parfaitement que cela ne peut avoir de