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LA VILLE CHARNELLE

que le vent a sculpté en spirales de feu.
Voici la nuit, comme une icone formidable d’ébène
dresse sa face d’ombre auréolée d’azur.
Voici les eaux du port, figées, marmoréennes,
comme un pavé sonore incrusté de saphirs,
où les pas millénaires des fidèles voiliers,
ont peut-être creusé, silencieusement,
la langueur moelleuse d’un sillon gigantesque.
Les voiles gourdes et ballonnées
comme des pieuses levantines,
en leur robe de moire noire et bouffante,
les douces voiles trottinent
parmi le faste éblouissant des mosaïques.
Elles voient resplendir sur leurs têtes
les coupoles grandioses du Soir,
toutes grouillantes de métaux en fusion,
comme de vastes creusets d’astres.

Au loin des cloches égrènent