Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

VIII

LES BENJOHS[1] DU DÉSESPOIR ET DE L’AVENTURE

Car mon cœur inspiré, comme un foc plein de vent,
me détacha des plaines et de leurs cris volants,
pour me livrer au grand désespoir de la mer,
dont le râle funèbre emplissait l’horizon :
À grands pas je tournai la terrasse suprême
qui s’arrondit déclive, comme une belle épaule,
parmi la vive retombée des longs cheveux aromatiques,
et j’entrai dans la glauque et molle pâmoison
du soleil qui s’en va dormir, les bras ouverts,

  1. Le terme benjoh, inconnu des dictionnaires courants, se trouve également dans le « roman africain » du même auteur, Mafarka, le futuriste (voir les pages 180 à 183 de l’édition disponible sur Internet Archive), où il désigne un petit instrument à cordes pincées ou frottées, qu’il convient sans doute de rapprocher du banjo nord-américain, également d’origine africaine. — Note Wikisource.