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LA VILLE CHARNELLE

Essors de pigeons blancs, qui ne fientez jamais
assez pour que fleurisse enfin la moisson d’or !

Et cependant voici que les ladres villages
ramassaient, accroupis, leurs habitants épars
dans l’immense velours émeraudé des plaines,
menus et précieux, tels de rares bijoux,
pour les cacher sous le manteau, à la nuit close.

Je vous vois de très haut et je crache sur vous,
ô routes commerçantes, ô chemins de fourmis,
ô grandes routes aux longs serpentements,
qui venez des montagnes fumeuses de Libye,
traçant de rouges tatouages,
parmi les poils roussis et les rides bleuâtres,
dans la peau rude et boucanée de la campagne !

Je vous vois de très haut et je crache sur vous,
ô routes commerçantes, cortèges de fourmis,