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À FRANCIS VIELÉ-GRIFFIN

Je rêve, en vous lisant, d’une île parfumante
assoupie dans l’extase d’un Nil paradisiaque,
dont les flots éblouis sont couchés sur la face
pour adorer les traces du Soleil déclinant.

L’île est encore toute sonore et bariolée d’oiseaux
aux ailes d’or épanouies dans la lumière…
Les sous-bois sont jonchés de folles vierges nues
dont les seins sont plus chauds que les cendres torrides
et laissent entrevoir la pointe des tisons.

Soudain elles délivrent leur âme ivre de ciel
qui se déchire aux barreaux lourds
de la gorge hystérique